UMP, le cactus centriste


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Repris de Valeurs Actuelles du 9/4/2015


Grand écart

"Passagers clandestins" de l'UMP aux départementales, l'UDI et le MoDem sont autant des alliés que des boulets pour Sarkozy. Lequel a besoin de leur soutien pour 2017, au risque de perdre celui des électeurs UMP... de plus en plus à droite.


"Cachez cet allié que je ne saurais voir." Tel pourrait se résumer le rude dilemme de Sarkozy vis-à-vis de ses indispensables mais encombrants alliés centristes dans l'optique de 2017. Hués par les militants UMP dans nom­bre de ses meetings, l'UDI de Lagarde et surtout le MoDem de Bayrou ont pour­tant fait "binômes communs" avec l'UMP dans la plupart des cantons aux départementales. Malgré près d'un mil­lion de voix perdues par rapport aux cantonales de 2011, cette alliance a per­mis au parti sarkozyste d'afficher une large victoire du "total droite et centre" (45 %). Tactiquement, le coup parfait. Mais quid de la ligne ?


Quoi de commun, en effet, entre les très fermes propositions sur l'islam de Sarkozy et celles de Lagarde qui, dans sa ville de Drancy (Seine-Saint-Denis), se félicitait en 2008 d'avoir... menti à ses habitants en prétendant financer la construction d'une salle municipale qui sera en réalité utilisée comme mos­quée? « Oui, je vous ai volontairement caché que ce serait une mosquée. (...) Et aujourd'hui, tout prouve que j'avais rai­son de le faire, s'est-il justifié selon le Parisien. (...) Je n'ai pas voulu l'annoncer à la population car cela aurait forcément créé des tensions. » Toujours sur cette même question centrale de l'islam, que 67 % des sympathisants UMP ne considèrent "pas compatible avec la République", comment justifier des alliances électorales avec ce même UDI, lequel cogère la ville de Bobi­gny avec... le Parti des musulmans de France?


De même, l'UMP d'un côté, l'UDI et le MoDem de l'autre s'affrontent-ils sur la question, cruciale elle aussi, de l'Eu­rope. Tout un symbole, le soir du second tour des départementales : pourtant "alliés", Rachida Dati et Lagarde se sont écharpés sur ce thème à la télévision — la première dénonçant une «Europe passoire », le second prô­nant une «Europe fédérale». Mêmes désaccords de fond sur la question du FN. Au "ni-ni" (ni PS ni FN) de Sarkozy (et au souhait de plus d'un électeur UMP sur deux de nouer des accords avec le parti de Marine Le Pen) s'oppose la stratégie de "front républicain" de Lagarde et Bayrou, tous deux sur la ligne... Juppé. D'où ce choix cornélien pour Sarkozy : se "juppéiser" pour s'agréger les centristes, au risque de perdre des électeurs sur sa droite, ou rester sur sa ligne "décomplexée", avec le danger de voir Lagarde et Bayrou rallier son principal concurrent. C'est peu de dire que la question, pour l'heure, attend toujours d'être tran­chée….