Discours d’Alain JUPPE

Montreuil - Mardi 3 mars 2015

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Monsieur le sénateur, Cher Philippe Dallier,

Monsieur le maire, Cher Bruno Beschizza,

Chère Manon Laporte et Cher Claude Capillon,

Mesdames, Messieurs,


Je suis très heureux d’être là, avec vous, ce soir, après un bel après-midi dans votre département pour soutenir nos deux candidats dans le canton de Montreuil 1 – Rosny.


Chère Manon, Cher Claude, avec vous, « Une autre majorité en Seine-Saint-Denis, oui, c’est possible ! ». C’est surtout nécessaire ! Il y a besoin d’un nouveau souffle, d’une nouvelle équipe, de nouvelles idées dans ce département, qui n’est sorti de la gestion communiste que pour tomber dans celle, guère plus performante, de M. Bartolone.


Les résultats aux dernières élections municipales dans votre département ont démontré que le changement était possible – n’est-ce pas cher Bruno. Le changement est possible quand notre famille politique soutient des candidats dynamiques et enracinés sur le terrain. Il faut confirmer ce renouveau de la droite en Seine-Saint-Denis les 22 et 29 mars prochain.



J’ai vu, cet après-midi, à Bondy, les responsables de l’association « La Marmite » qui agissent dans le domaine de l’insertion, de la prévention et de l’accès aux soins. J’ai discuté avec les jeunes du Bondy-blog-Café. Voici quelques exemples de talents que recèle votre département. Ces talents doivent éclore et se multiplier.


Pour cela, il faut des élus comme Manon et Claude au conseil départemental !



Ce sera une étape importante  vers l’alternance dont la France a besoin.

Car la France ne va pas bien. Et elle ne va pas bien parce qu’elle n’est pas bien gouvernée.

Son économie reste à l’arrêt. Un bon chiffre du chômage après des mois de résultats catastrophiques ne suffit pas à faire le printemps.

La confiance n’est pas de retour parce que les acteurs économiques manquent de visibilité et de stabilité. Ils ne voient pas où le gouvernement veut en venir, tant sont fréquents les changements de cap.


L’exécutif ne parvient pas à maîtriser les dépenses publiques, les déficits, la dette qui atteignent des niveaux insupportables. La Commission Européenne, plus politique qu’on ne le dit, vient de donner à notre pays un sursis de 2 ans… jusqu’en 2017. Date choisie au hasard ? Je n’en suis pas sûr. Ce sera le moment de l’alternance. On comprend l’héritage qu’on nous prépare.


D’ici là, il y a fort à parier que les réformes structurelles qui s’imposent vont attendre. Et les souffrances perdurer.

Partout où je vais, j’entends les mêmes plaintes.


Ceux qui entreprennent -et ils sont nombreux- ceux qui travaillent -et qui mettent tout leur cœur à l’ouvrage- ceux qui innovent et qui créent se plaignent d’étouffer dans le carcan des règlementations et des contrôles en tous genres.


C’est vrai pour les PME et les TPE, pour les agriculteurs, pour les associations, pour les collectivités territoriales.


Aujourd’hui, les langues se délient : ce n’est pas Bruxelles qui est en cause, c’est Paris et l’administration nationale qui en rajoutent, avec parfois de bonnes raisons mais souvent de moins bonnes.


Je finis par me demander si c’était vraiment une bonne idée que d’inscrire le principe de précaution dans la constitution. Sa portée juridique est certes floue, mais son interprétation, souvent abusive, permet d’ouvrir le parapluie à temps et à contretemps. On stérilise ainsi le goût du risque sans lequel une société s’endort et s’ankylose.


Je vois aussi monter les signes d’une véritable allergie fiscale, tant le matraquage des impôts et des taxes a été violent au cours des dernières années.


Les Français changent : quand ils se rendent compte qu’il faut choisir entre l’impôt et la dépense, ils sont de plus en plus nombreux à remettre en question la dépense pour éviter la hausse de l’impôt. Ce n’est pas toujours aussi clair. Mais le ras-le-bol progresse.

Et puis j’entends aussi l’appel à l’autorité qui semble faillir aujourd’hui face à la délinquance, à la récidive, à l’immigration illégale, au relâchement des disciplines élémentaires à l’école, je pourrais allonger la liste. Dans un monde turbulent, et même dangereux, on attend de l’Etat qu’il soit fort et garantisse l’exercice des libertés républicaines, à commencer par la sécurité au quotidien.


Or, depuis 2012, les gouvernements qui se sont succédé n’ont pas su répondre à ces attentes légitimes.




Premier exemple d’incurie : la réforme territoriale.


Les comptes publics sont si dégradés que plus personne ne doute aujourd’hui que notre pays doit réduire son train de vie et faire des économies. En réduisant, en premier lieu, la dépense publique et en simplifiant le millefeuille territorial qui est source d’incroyables gabegies.


L’objectif était donc clair : simplifier ! Nous avions commencé le travail en inventant le conseiller territorial qui aurait siégé à la fois à la région et au département. Nous préparions ainsi le rapprochement entre ces deux institutions.


Les socialistes n’avaient qu’à finir ce que nous avions commencé. C’était trop leur demander. Pour réformer, il faut de la vision et du courage, deux qualités qui font défaut au PS ici comme partout.

Où en sommes-nous de cette réforme territoriale, à trois semaines des élections ? Nulle part ! Nous allons voter pour des élus dont nous ne connaissons pas la durée du mandat – le conseil départemental existera-t-il encore en 2020 ? – et qui siègeront dans une institution dont nous ne connaissons pas les compétences. Cela me rappelle un mot d’esprit de Winston Churchill qui expliquait que « Christophe Colomb fut le premier socialiste : il ne savait pas où il allait, il ignorait où il se trouvait… et il faisait tout ça aux frais des contribuables ».


Il n’y a aucune vision, aucune ambition, dans le projet de réforme territoriale.


Il fallait simplifier et on a créé des hyper-régions qui rendent indispensable le maintien de l’échelon départemental sur tout le territoire. Il est en effet impossible de piloter sans maillage de proximité des régions comme Rhône-Alpes-Auvergne ou Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin…


Il fallait simplifier et on a ajouté aux régions, aux départements, aux communautés urbaines ou d’agglomération, les métropoles ! Et je ne parle pas de votre situation en Seine-Saint-Denis ! Quel est l’avenir du Grand Paris ? Quelles seront ses missions ? Que deviendront vos territoires ?


Il n’y aucun courage. Cette absence de courage a même été élevée au rang de méthode de gouvernement. Il ne faut surtout fâcher personne, il faut temporiser, il faut donner du temps au temps… Le Président et son Premier ministre ne tranchent pas, le Président et le Premier ministre ne décident pas. On renforce les régions quitte à les rendre impuissantes. On asphyxie financièrement les collectivités locales mais on attend toujours plus d’elles dans le domaine social. On encourage l’intercommunalité, mais on conforte la commune…


On nous annonçait 12 à 25 milliards d’euros d’économies. Je crains qu’il ne faille rien en attendre ! Je fais heureusement confiance à Philippe Dallier qui a, lui, de la vision et du courage. Nous aurons besoin de nous appuyer sur son travail approfondi sur les collectivités territoriales pour agir vite en 2017.



Deuxième exemple d’incurie :


Permettez-moi de revenir avec vous sous le contrôle de Bruno Beschizza qui est le spécialiste de cette question au sein de notre famille politique, sur la désastreuse politique pénale mise en œuvre depuis 2012 par Mme Taubira.


Avions-nous vraiment besoin de rompre avec la politique de fermeté mise en œuvre depuis 10 ans ? Avions-nous vraiment besoin d’adresser un message de relâchement de notre vigilance aux délinquants potentiels ?


Fallait-il, de toute urgence – c’est la première décision prise par Mme Taubira – arrêter la construction de places de prisons ? Nous avions engagé la construction de 24 000 places de prisons. Ce n’était pas un hasard. Je rappelle, en effet, que la France souffre d’une surpopulation carcérale récurrente avec 57 000 places pour 67 000 détenus. Je rappelle également à Mme Taubira que le Royaume-Uni avec une population équivalente à la nôtre compte 96 000 places, soit presque le double.


Cette décision a eu des effets catastrophiques. Premier effet : elle a favorisé la persistance de conditions d’emprisonnement indignes de notre pays qui poussent à la radicalisation islamiste dans les prisons. On jette ainsi dans les bras des terroristes de petits délinquants. Il a fallu attendre les drames des attentats du mois de janvier pour que la ministre de la justice se saisisse du problème. Second effet : elle a conduit la ministre à vouloir rapidement vider les prisons. On condamne moins et on libère davantage : c’est tellement plus simple. Le nombre de détenus a ainsi diminué passant en un an de 67 800 à 66 300.


Fallait-il également détricoter l’arsenal pénal mis en place par la droite pour lutter contre les délinquants et les multirécidivistes ? La loi Taubira du 15 août 2014 relative à l'individualisation des peines et renforçant l'efficacité des sanctions pénales – quel nom paradoxal – a mis fin aux peines planchers et à la révocation automatique du sursis en cas de nouvelle condamnation. Ces mesures renforcent le sentiment d’impunité et son corollaire, le sentiment d’injustice ressenti par les Français qui respectent la loi de la République et qui sont attachés à la fermeté de la justice.


Cette loi a également créé – vous en avez entendu parler – une nouvelle peine : la contrainte pénale. Celle-ci s’applique aux « petits » délits, c'est-à-dire à ceux pour lesquels la peine de prison encourue est inférieure à 5 ans. Elle se substitue à une peine d’emprisonnement. Ce n’est pas forcément une mauvaise idée. Mais encore faut-il que les obligations auxquelles le délinquant est condamné soient vraiment dissuasives et qu’il y ait des moyens pour les faire respecter ! Sinon ce qu’on supprime, ce n’est pas la prison, mais la sanction.


L’Etat régalien fort que nous devons reconstruire passe ainsi par la restauration d’une justice crédible qui rompe avec le message laxiste développé aujourd’hui. Car nos forces de police ont besoin d’avoir le soutien de la chaîne pénale complète.




Troisième exemple d’incurie :


En matière économique, le Président de la République et ses Gouvernements successifs ont, là encore, largement échoué.


Souvenez-vous de l’époque de la campagne présidentielle, quand, avec son élection, M. Hollande nous promettait que la croissance était au coin de la rue. Tout y était : baisse du chômage, redressement des comptes publics et leadership européen. Au lieu de tout cela, le pays est englué dans la croissance zéro, une dette publique galopante et le chômage de masse. La crédibilité du Gouvernement est entamée à tous les niveaux.


Les Français ont d’ailleurs pu rapidement mesurer l’effet désastreux des premières mesures économiques mises en œuvre : abandon de la TVA sociale, accroissement de la dépense publique avec la reprise des recrutements dans la fonction publique, hausse de l’impôt sur les revenus pour les classes moyennes et les familles (30 Mds €), création de la taxe à 75 %...


Depuis le début du quinquennat, la France a créé 500 000 nouveaux chômeurs, alors que le plus dur de la crise était derrière nous depuis 2010. Notre pays compte désormais 3 millions et demi de personnes au chômage. Pire encore, ce sont 5 millions de personnes, si on prend compte les précaires ou les salariés à temps partiel, dont le quotidien est miné par l’angoisse de l’accident ou déclassement.


Les vraies questions ont-elles été posées depuis 2012 ? A-t-on continué à lutter contre l’assistanat pour inciter les chômeurs à reprendre un emploi ? Non ! Avec François Hollande, une famille de deux enfants au RSA gagnera, en 2017, 90% d’un SMIC. A-t-on engagé la simplification du droit de travail ? Non ! Plus de 550 articles du code du travail ont été modifiés depuis 2012.


Qu’avons-nous eu ? Des emplois d’avenir financés par nos impôts et la dette dont les entreprises ne veulent pas ! Des contrats de génération qui devaient faire des miracles et dont seulement 30 000 ont été signés. Un chef d’entreprise me confiait, d’ailleurs, il y a dix jours à Orléans, que les entreprises n’avaient heureusement pas attendu François Hollande pour avoir l’idée de demander aux anciens de former les jeunes…


Le récent changement de pied du Gouvernement ne convainc personne, pas même sa majorité au Parlement qui ne se reconnaît pas dans ces nouvelles orientations. Le virage « social-démocrate » ou « social-libéral » est un leurre. Le CICE est une « usine à gaz », incomprise des entreprises et dont les effets sont limités à celles qui ont des salariés payés au niveau du SMIC.


Qui peut croire que la loi « Macron », malgré les quelques avancées qu’elle comporte, sera la recette miracle pour renouer avec la croissance ? Il s’agit avant tout d’une addition de petites réformes, pour la plupart assez anecdotiques, comme des dispositions relatives aux professions réglementées du droit, à la libéralisation des transports en autocars, ou encore à l’encadrement des tarifs des concessions d’autoroute. De renoncement en renoncement, le gouvernement a en réalité abandonné l’idée d’une réforme d’ampleur des règlementations qui stérilisent notre pays.



Et pourtant, plus que jamais, je suis plein d’espoir.


La conjoncture européenne et internationale est favorable aux réformes : l’euro a perdu 15 % de sa valeur par rapport au dollar, ce qui dope nos exportations ; le baril de pétrole est bon marché, ce qui atténue l’effet euro sur l’énergie importée : l’essence à la pompe a enregistré une baisse sensible. On peut s’endetter à des taux d’intérêt exceptionnellement bas.

Et l’Amérique montre qu’un pays très développé peut renouer avec une croissance forte.


La France a des atouts exceptionnels que j’aime énumérer : c’est une grande puissance économique, avec une épargne abondante, une population en croissance, des infrastructures de qualité, une attractivité exceptionnelle, un statut d’influence sur la scène mondiale et surtout une jeunesse magnifique, entreprenante et innovante.

Que nous manque-t-il donc ?

  



Je cite deux de mes chantiers prioritaires :

  

  


Je me suis déjà exprimé sur tous ces points et j’y reviendrai en détail le moment venu.



- Il faut ensuite un mandat clair des Français pour mettre en œuvre les réformes nécessaires.

Ils y sont prêts pour peu qu’on leur dise, au moment de voter, la vérité.



- Enfin, le courage de fixer et de maintenir le cap sur la durée car si on peut lancer des réformes en 100 jours, il faut au moins 5 ans pour les mener à terme.


Si vous me faites confiance, voilà ce que je ferai.





Avant cela, mobilisons-nous pour les échéances de cette année : les élections départementales de ce mois, et les élections régionales pour lesquelles Valérie Pécresse porte tous nos espoirs en Ile-de-France.


Les 22 et 29 mars, votez et faites voter pour Manon et Claude, symboles de la reconquête de la Seine-Saint-Denis !