Mouvement Initiative et Liberté

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Une communication du MIL

LA RÉPUBLIQUE EXEMPLAIRE ET LE CABINET MAC KINSEY


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Une montée exceptionnelle des commandes passées à des cabinets de conseil par des ministères et des établissements publics sur le dernier quinquennat a été constatée. Un rapport de la commission d'enquête du Sénat portait sur «un phénomène tentaculaire : l'influence croissante des cabinets de conseil sur les politiques publiques» (16 mars 2022). Il note que les dépenses de l’État pour solliciter les services de ces organismes privés ont plus que doublé entre 2018 et 2021, pour dépasser le milliard d’euros. Le quotidien «Le Monde» a ainsi publié en mai 2022 une base de données qui recense environ 1.600 prestations de consultants pour la sphère publique. Cette liste n’est qu’indicative. Elle est incomplète faute d’une publication exhaustive des ministères et établissements publics sur leurs commandes externes, sur lesquelles règne une opacité. Certaines prestations semblent paraitre justifiées compte tenu de leur objet, d’autres le sont moins ou pas du tout. Beaucoup de ces missions paraissent être du simple ressort de fonctionnaires et hauts-fonctionnaires à même de mener ce travail.


Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) condamne la commande de trop nombreuses prestations de cabinets de conseils par l’exécutif, qui se sont traduites par des dépenses fréquemment injustifiées. Bruno Le Maire, a reconnu que gouvernement était «allé trop loin», durant le précédent quinquennat, quant au recours aux cabinets de conseil. La première ministre a émise une circulaire demandant aux ministères une réduction de 15% de leurs commandes pour corriger ces «dérives». Reste à savoir si cette mesure est suffisante. On se trouve, dans de nombreux cas, face à des charges injustifiées pour l'État et pour les citoyens. Le porte-parole du gouvernement Véran a tenu des propos contradictoires, sans doute motivés par le volume de commandes de prestations qu’il a passé en tant que ministre de la santé en particulier auprès du cabinet Mac Kinsey durant la crise sanitaire. 


Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) constate l’ouverture de procédures judiciaires concernant un cabinet de conseil américain McKinsey. Le Parquet national financier (PNF) vient d’annoncer avoir confié à des juges d’instruction deux informations judiciaires, fin octobre 2022. La première porte sur des motifs de «favoritisme», «recel de favoritisme» et «tenue non conforme de comptes de campagne» de l’équipe de Macron. La seconde concerne les «conditions d'intervention de cabinets de conseils dans les campagnes électorales de 2017 et 2022». Elles font suite à une enquête préliminaire contre le cabinet de conseil américain, pour «blanchiment aggravé et fraude fiscale aggravée». Les juges vont chercher à établir la nature des liens entre McKinsey et les équipes du Président pour déterminer si ce cabinet aurait bénéficié de contrats en contrepartie de la participation à titre gratuit de certains de leurs collaborateurs aux campagnes. Macron n’est pas directement cité dans les procédures. La participation bénévole de plusieurs salariés de McKinsey aux campagnes électorales de 2017 et 2022 est notoire. Elle pourrait être considérée comme un financement déguisé, ce qui impliquerait un dépassement des comptes de campagne. Par exemple, un consultant de McKinsey (de 2007 à 2014) est devenu en 2019, directeur général de La République en Marche (LREM), puis, en 2022, il a été élu, député Renaissance. On relève également l'entrée de personnes issus de dans McKinsey dans des cabinets ministériels et la réalisation de prestations gratuites.


Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) estime que ces poursuites judiciaires du PNF vont peser sur Macron, Borne et des ministres, et d’anciens ministres, du gouvernement. Macron se dit tout à fait tranquille car hors de cause dans ces affaires. Il demeure à l'abri de poursuites pénales jusqu'en 2027, tant qu’il est Président. Mais plusieurs de ses proches devraient être entendus. Les auditions, confrontations ou perquisitions feront l’objet de commentaires dans les médias. D’autres affaires judiciaires viennent s’y ajouter. Le ministre de la Justice se trouve actuellement en examen. Le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, a été mis en examen pour «prise illégale d’intérêts» pour sa «participation» en tant que haut-fonctionnaire entre 2009 et 2016 à des décisions relatives à l’armateur italo-suisse MSC qui est dirigé par des parents à lui.


L’image de la «République exemplaire», que Macron prétendait incarner en 2107, est déjà très écornée. Macron mise sur le flou de l’influence de son réseau relationnel pour échapper à toute mise en cause. Il espère que ces dossiers de découpent en plusieurs affaires, avec une multiplicité de responsables (conseillers impliquées McKinsey, ministres et anciens ministres), pour noyer les poursuites dans un ensemble complexe et peu lisible pour éviter que surnage un dossier «Macron-McKinsey».