Mouvement Initiative et Liberté

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Une communication du MIL

DISCOURS DE MICKAËLLE PATY DEVANT LE CONGRÈS DE L’AMF


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Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) publie le discours de Mickaëlle Paty, sœur de Samuel Paty, devant le congrès des maires et présidents d’intercommunalité de France. La sœur de Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie dans un collège de Conflans-Sainte-Honorine, décapité en octobre 2020 pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet à ses élèves, rend hommage à son frère dans un discours que le Journal Du Dimanche a publié.


 «Je remercie M. David Lisnard, président des maires de France et maire de Cannes de me donner l’occasion de prendre la parole devant vous, qui formez le réseau de proximité de la République laïque et son tissu.


Le 12 juin dernier, l’association Unité Laïque présidée par M. Jean-Pierre Sakoun a lancé une initiative nationale à laquelle j'apporte tout mon soutien. Celle-ci sollicite tous les maires ainsi que tous les présidents d'exécutifs territoriaux, pour donner le nom de Samuel Paty à une voie de leur commune ou à un établissement, de préférence à destination de notre jeunesse française.


Des dizaines de municipalités nous ont fait l’honneur de nous suivre dans ce combat, des plus grandes, comme Toulouse ou Cannes, aux plus petites, comme Fronton, dans le département de la Haute-Garonne.


Toutes les communes de France s'honoreraient en manifestant ainsi leur attachement à la laïcité républicaine, leur rejet du fanatisme, leur espoir dans la force de l'école de la République, ces idéaux qui constituent le socle de notre pays et pour lesquels Samuel Paty et désormais Dominique Bernard ont perdu la vie. Il est temps de nous tenir à côté de tous ces professeurs à qui nous avons trop Longtemps délégué le risque de défendre seuls nos valeurs républicaines. Si je parle de risque c'est que nous avons affaire à un ennemi et qu'il serait bien naïf de le traiter en adversaire qui combattrait à armes égales.


Défendre et honorer notre République, ce n'est pas un combat d'arrière-garde ! L'enjeu est devant nous et il est de notre devoir de faire preuve d'unité, de fraternité et de courage pour nous opposer aux offensives islamiques de terreur.


La terreur est l'arme de ceux qui n'ont pas les mots pour défendre une idée, mais les mots ne doivent ni ne peuvent défendre l'indéfendable. Il faut également se rappeler que l'idée de tolérance n'a pas été conçue pour tolérer l'intolérable. Les procédés d'inversion totale des valeurs sont une vraie menace pour notre démocratie et pour notre humanité.


Créer des lieux mémoriels incite à se souvenir et à sacraliser la victime afin de donner un support matériel à l’annihilation d’un acte barbare. Mais cela ne suffit pas. La commémoration ne se substitue pas au combat idéologique pour repousser et détruire ce qui menace nos valeurs et principes. Notre devoir est de rétablir effectivement l'ordre des choses afin de pouvoir mettre fin à ce qui n'est plus que désordre. Donner le nom de mon frère à un lieu rétablit son statut de victime, supprime le «oui mais» et finit par nommer l'ennemi pour garder sans cesse à l’esprit que si nous baissons notre garde, c’est lui qui reviendra.


L'ordre des choses nous dit qu’un acte terroriste n'est jamais un acte désespéré de résistance face à une agression supposée ou réelle. Comment peut-on soutenir qu'une attaque terroriste, qui torture et tue, est un cri pour la paix ? Un acte terroriste, qu'il soit mené au nom de vieilles rancœurs ou d'un esprit vengeur, ne peut être cautionné sinon il offre un permis de tuer aux agresseurs. Ceux qui condamnent à demi-mot, renvoyant dos-à-dos agresseurs et agressés finissent par justifier dans un pseudo-équilibre une attaque terroriste et par réhabiliter le «oui mais». Ce niveau d'évitement et de contorsion sémantiques relève du militantisme, un militantisme qui ne cherche nullement la paix civile mais plutôt à attiser les braises pour mener une guerre civile.


Le devoir de mémoire vise à ce que l'œuvre d'effacement du temps qui passe ne soit pas inéluctable. Porter les enseignements du passé permet de se préparer à la répétition tragique de ce passé. C'est ce qui n'a pas été fait pour mon frère et c’est donc ce qui a manqué pour sauver M. Dominique Bernard, victime d'une attaque terroriste islamiste le vendredi 13 octobre dernier.


L'assassin d’Arras a enregistré un message audio pour signer et signifier son allégeance à Daesh. Permettez-moi de vous en lire un extrait : «Ô Français, peuple de lâcheté et de mécréants, j'étais dans vos écoles des années et des années. J'ai vécu des années et des années parmi vous, gratuitement. Vous m'avez appris ce qu'est la démocratie et les droits de l'homme et vous m'avez poussé vers l'enfer !».


Pendant 3 ans, nombreux sont ceux qui se sont évertués à légitimer l'assassinat de mon frère à grand renfort d'omissions, d'approximations, d'inexactitudes et d'insinuations malveillantes afin surtout de ne pas nommer le mal agissant ce qui se voit sur de nombreuses plaques commémoratives qui évitent de désigner l'ennemi, le terrorisme islamiste.


Après trois années d’inactions, l'attaque terroriste islamiste contre M. Dominique Bernard montre clairement le visage de l'islamisme. L'islamisme a ciblé à travers ces deux professeurs, l'école républicaine française chargé d'instruire, de former à l'esprit critique et de faire partager nos valeurs et principes républicains, tels que la laïcité et l'égalité entre femmes et hommes. Autant de principes et d’ambitions auxquels l'islamisme mondial voue une haine absolue.


Ce qu'il faut comprendre des propos tenus par le terroriste d’Arras, c'est que ce que nous reconnaissons comme des valeurs ou principes fédérateurs, est vécu comme une offense impardonnable par l'islam rigoriste. Ce qui prouve également que ce n'est pas par méconnaissance de nos principes qu'il y a rejet mais bien parce que ceux-ci entrent en conflit avec des personnes qui n'ont que leur croyance pour déterminant unique, qui met leur créateur au-dessus de toute justice, de toute fraternité. S’ils cherchent à anéantir nos valeurs, c'est bien parce qu'elles les dérangent, eux qui craignent d'être mis en péril par elles.


C'est pour cela que le seul enseignement des valeurs et principes républicains n'est pas un gage de succès face à des individus endoctrinés qui rejettent voire combattent tout ce qu'une démocratie laïque propose notamment la liberté.


Cela conforte mes propos tenus en mai dernier dans la revue Humanisme, où je mettais l'accent sur les limites de l'efficacité du devoir de mémoire. Les hommages nous préservent de l'accoutumance qui mène à une forme de collaborationnisme et confortent notre aspiration à l'humanisme par peur de devenir inhumains à notre tour. La violence de la résurgence de l'antisémitisme, le «oui, mais» qui accompagne si souvent les commentaires sur la violence islamiste, démontrent que le devoir de mémoire est certes nécessaire, mais en aucun cas suffisant pour nous immuniser contre l'aveuglement et les dangers qui nous menacent. Le devoir de mémoire donne le sentiment de faire ce qui doit être fait tout en produisant un effet pervers dévastateur, l'émergence de la victimisation.


On a toujours voulu opposer «les Lumières» à «l'obscurantisme», il me semble bien naïf de penser que l'inhumain surgit par carence d'humanisme. En réalité l'inhumain, par définition rejette l'humanisme. II me semble également niais de croire que si l’on fait preuve de plus de bienveillance en se soumettant aux exigences de l'inhumain, il renoncera à ces projets macabres. La bienveillance est ainsi utilisée comme régulateur de l'humeur de la bien-pensance, offrant à ses tenants un anxiolytique naturel qui s'appelle le déni et finit par anesthésier toute capacité de voir le mal mais également le bien.


L'inhumain surgit par endoctrinement, sacrifiant la raison à la foi ou à la soumission.


L'inhumain surgit dans les processus de pensée unique propre au totalitarisme. L'inhumain surgit par carence d'esprit critique face à une propagande. Hannah Arendt a décrit mieux que quiconque le surgissement de l'inhumain : «La mort de l'empathie humaine est l'un des premiers signes et le plus révélateur d'une culture sur le point de sombrer dans la barbarie». L'inhumain surgit grâce à une alliance improbable de wokistes, de pacifistes, de collaborateurs, de prédicateurs et d'oubliés qui apporte crédit et soutien à la réalisation d'actes odieux.


II y a tout d'abord les pacifistes qui nous somment de tolérer, de comprendre  et de pardonner un acte inhumain parce qu'il est accompli par un homme «souffrant». Il faudra ainsi comprendre qu'un acte terroriste est commis par des individus avides de paix et que la violence est une forme d'expression comme une autre.


Les pacifistes étant dans l'émotion et l'immédiateté, oublient vite que si nous cessons de nous défendre, nous cesserons également d'exister.


II y a ensuite les collaborateurs qui par intérêt électoral et politique ont fait le choix de soutenir systématiquement les agresseurs avec l'argumentaire servi à toutes les sauces du «oui, mais» inversant immanquablement la relation victimes/bourreaux. Ils ont la fâcheuse tendance d’infantiliser le débat et de brouiller le rapport de force en se mettant dans une posture de défense de l'agresseur qui n'en serait plus un, lui-même ayant été agressé en premier : le fameux «c'est lui qui a commencé !» qui hante les cours de récréation de nos écoles maternelles.

N'oublions pas les prédicateurs islamistes qui attisent la haine irrationnelle en invoquant la peur, le dégoût, le ressentiment et l'amour de Ieur coreligionnaire, quatre sentiments contre une démocratie. Ils manipulent et endoctrinent toujours les plus jeunes en leur retirant toute forme d'empathie envers un non-musulman et ils les maintiennent dans un sentiment de danger pour tout leur faire percevoir comme une menace, jusqu'à les rendre coupables de vivre et donc capables de tuer jusqu'à mourir eux-mêmes au nom de la culture du martyre.


L'instrumentalisation de notre jeunesse se base sur trois principes : tout d'abord la facilité de manipulation d'un esprit en cours de formation, l'excuse de la jeunesse comme alibi à tout crime et la clémence de la justice envers des mineurs à qui on offrira toujours une seconde chance, ce qui procure un sentiment d'impunité.


II y a enfin les «oubliés» ; ils sont parfois pacifistes, collaborationnistes ou prédicateurs à Ieur heures perdues, parfois même sans s'en rendre compte ; mais le plus grand nombre est le plus souvent en retrait et attentiste.


Certains oubliés se rassurent toujours en minimisant la menace, ne regardant que la partie émergée de l'iceberg, celle qui surgit soudainement après chaque attentat commis par un soi-disant loup solitaire. Ce loup qui n'a de solitaire que le nom, ces jeunes loups, sont élevés à mettre Ieur propre vie en jeu. Pour eux, on ne se sacrifie jamais. On est sacrifié.


Tous les loups ne passeront pas à l'acte mais qui peut prédire celui qui le fera. Il faut également réaliser que le loup est galvanisé par la partie immergée qui tend de plus en plus à émerger.

Certains oubliés sont les premiers à féliciter ceux qui prennent leur part dans le combat contre l'islamisme et justifient leur propre paralysie par un «je ne sais pas comment tu fais, moi je ne peux pas». Sous un sentiment de culpabilité non dissimulé après un fameux «je passe mon tour», il finisse par un «pense à toi» alors que l'agissant pense à eux.


Aussi d'autres oubliés se sentent souvent victimes par procuration, ce qui leur fournit l’excuse nécessaire pour ne pas passer pour des déserteurs ou des mécréants aux yeux de certains qui scrutent leurs agissements et qui les obligent à n'être que, alors qu'on peut être aussi et en même temps.


Il faut bien reconnaître qu'en période de tension, il se crée des alliances dépourvues de raison. On peut voir des pacifistes, utopiste de la réconciliation, soutenir des terroristes en invoquant le devoir d'oubli, mettant l'agresseur et l'agressé sur un pied d'égalité.


On peut également voir des personnes issues de la communauté LGBTQIA+ défendre le pogrom du Hamas envers le peuple israélien au nom d'une libération de la Palestine. Alors que le Hamas prône la charia, donc l'exécution ou l'emprisonnement de toutes personnes issues de la communauté LGBTQIA+.


Et il y a nos oubliés qui préfèrent réclamer la paix en prenant l'absurde décision de choisir un camp. Ils s'accommodent également facilement des débordements, ravalés au rang d’incidents, comme les minutes de silence non-respectées, comme des propos antisémites parfois même lorsque ces «incidents» relèvent de l'apologie du terrorisme.


Certaines alliances se font sur des bases idéologiques, avec une vision fantasmée de la société et dans le cadre d’un projet politique assumé. Mais les alliances et les comportements collaborationnistes, que sous-tendent ces pactes, sont effectués pour beaucoup par lâcheté. C’est bien la volonté de «mourir vieux» qui sanctifie cette union.


Au nom du «mourir vieux», on se rallie à celui qui menace de mourir jeune et qui envoie aussi sa jeunesse mourir à sa place. Au nom du «mourir vieux», on préfèrera aller jusqu’à la délation pour prouver son allégeance. Au nom du «mourir vieux», on préfèrera accepter toutes les compromissions et les soumissions qui en découlent.


Pour un «mourir vieux» dans l'espoir de voir un jour un vivre mieux, on finit par accepter que d'autres et notamment notre jeunesse vivent mal et périssent jeunes.


Certains voudraient vivre vieux dans un monde inhumain, là où l’on vivra la peur au ventre quotidienne, inquiet d'être le prochain sur leur liste. Certains voudraient vivre vieux en œuvrant à se placer en dernier sur leur liste des menacés de mort, quitte à participer aux exactions. Mais à tellement vouloir «mourir vieux», on finit surtout par mourir seul car il ne reste plus personne pour protester.


À tous ceux qui savent mais qui ne veulent pas voir, je dis qu’il il vaut mieux que ce soit dur à voir plutôt que dur à vivre. Et à ces gens qui sont fiers, qui ne dissimulent pas leurs crimes et qui ne veulent rien de ce qu'on leur offre, on ne peut plus leur répondre avec une France qui n'est plus rien si on veut vraiment rebattre les cartes.


On ne se tient jamais droit dans des pantoufles.


Merci de votre attention. »