Mouvement Initiative et Liberté
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Une communication du MIL
18 JUIN : LA FIDÉLITÉ, LA FLAMME ET LE COMBAT
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Le 18 juin 1940, Charles de Gaulle, exilé à Londres, lançait à la France l’un des appels les plus solennels et les plus solitaires de son histoire. Ce jour-là, il n’était ni chef d’État, ni chef de parti, ni même véritablement chef d’armée. Il n’était qu’un homme seul. Mais un homme debout. Un homme convaincu que la France ne pouvait mourir.
Ce que les ondes britanniques ont diffusé ce soir-là n’était pas seulement un message d’espoir : c’était un acte de foi. Foi dans la France. Foi dans les Français. Foi dans la liberté. À un pays vaincu, il disait : «La France a perdu une bataille ! Mais la France n’a pas perdu la guerre !».
Le 10 juillet 1940 : l’honneur dans la minorité
Quelques jours plus tard, à Vichy, 80 parlementaires disaient «non». Non à la capitulation morale, non à la trahison des institutions, non à la remise des pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Ils n’étaient que 80, face à une majorité silencieuse, apeurée, ou complice. Mais ils ont sauvé l’honneur de la représentation nationale.
Parmi eux, Léonel de Moustier, député du Doubs, ancien combattant de la Grande Guerre, homme de courage et de conviction. Il n’a pas simplement voté contre : il a résisté. Il est entré dans la clandestinité, a rejoint la Résistance intérieure, a été arrêté par la Gestapo, déporté au camp de Neuengamme, où il est mort en mars 1945. Pour cet engagement sans compromis, il a été fait Compagnon de la Libération à titre posthume, recevant ainsi l’un des plus grands hommages de la République.
Brazzaville : la France debout en Afrique
Pendant ce temps, à des milliers de kilomètres de la métropole occupée, d’autres Français refusaient aussi de courber l’échine. Le ralliement de l’Afrique équatoriale française – à l’exception du Gabon – à la France libre a constitué un tournant décisif. Le discours de Brazzaville, prononcé par de Gaulle le 27 octobre 1940, en est le point d’orgue.
Il y proclame : «La France n’est pas seule. Elle a un vaste Empire derrière elle. Cet Empire a commencé à répondre à l’appel que je lui ai adressé au nom de la France. […] C’est dans cet Empire que nous organiserons la résistance».
Ce ralliement n’aurait pas été possible sans le courage de Félix Éboué, gouverneur du Tchad, premier haut-fonctionnaire colonial à répondre à l’appel du 18 juin. Dès le 26 août 1940, il rallie son territoire à la France libre.
Dans un message resté célèbre, Éboué écrit : « La France ne peut pas mourir. Ce serait un crime contre l’humanité. »
Il fut suivi par d’autres figures africaines et administrateurs de l’Empire : René Malbrant, vétérinaire et député de l’Oubangui-Chari, Raymond Delange, André Parent, Jean Marchiani, Louis Sanmarco… Et des milliers d’Africains anonymes, tirailleurs, auxiliaires, personnels civils, qui formèrent la première armée de la France libre, bien avant que les Alliés ne la reconnaissent.
Ce fut grâce à cette base africaine – notamment à Brazzaville – que de Gaulle put organiser une administration, une armée, une diplomatie, et parler au nom d’un peuple encore debout. Le général disait souvent que «sans l’Afrique, la France libre ne serait qu’un mot vide».
Ce mouvement de ralliement s’étendit bientôt à d’autres territoires : les Nouvelles-Hébrides, Saint-Pierre-et-Miquelon, les possessions du Pacifique, et, en Amérique du Sud, la Guyane française, où le gouverneur Georges Éblé rejoignit de Gaulle en octobre 1943, contre les consignes de Vichy et malgré les risques personnels.
La France libre n’était pas qu’à Londres ou à Brazzaville. Elle était aussi sur le sol national, dans l’ombre, dans la clandestinité, dans les maquis, dans les caves, les bois, les greniers. Des femmes, des hommes, des adolescents, parfois des enfants, se sont levés. Ils étaient cheminots, agriculteurs, institutrices, prêtres, ouvriers, soldats. Ils ne portaient pas tous l’uniforme. Mais ils avaient la même étoffe.
Ils risquaient leur vie pour que la France ne soit pas réduite au silence, pour que notre drapeau ne soit pas confondu avec celui de la collaboration, pour que notre avenir ne soit pas bâti sur la soumission.
C’est par leur courage, leur sacrifice, leur fidélité, que Charles de Gaulle est devenu, non pas le chef d’une faction, mais le chef des Français libres, le porte-voix de la France résistante, le chef des libérateurs.
Aujourd’hui : ne pas laisser s’éteindre la flamme
Mais cette histoire, aujourd’hui, vacille. Elle s’efface dans les manuels scolaires. Elle s’amenuise dans les mémoires. Elle se dilue. Et pourtant, la mission continue.
Car la bête immonde n’est pas morte. Elle rôde toujours. Parfois dans les extrémismes violents, les terrorismes, les fanatismes. Parfois dans les idéologies identitaires ou déconstructrices. Parfois dans la haine de l’Occident, de la liberté, de la femme, de l’homme, de l’ordre, de la justice.
Notre monde est menacé par le retour des totalitarismes, souvent masqué par de nouveaux visages, de joli visages parfois, mais animé du même projet : soumettre l’humain, détruire la vérité, étouffer la conscience. Certains prétendent le faire «au nom de Dieu», d’autres «au nom de la Planète», d’autres enfin, au nom de nouveaux concepts qu’ils sont les seuls à véritablement comprendre.
Résister, transmettre, servir
C’est pourquoi s’il est important de commémorer. Il faut aussi transmettre. Il faut enseigner ce que fut ce sursaut. Il faut rappeler que la liberté, cette valeur cardinale, n’est jamais acquise, que l’honneur n’est pas une parure, mais un combat.
Aujourd’hui, notre devoir n’est pas seulement d’honorer ceux qui ont résisté. Il est de continuer à résister là où l’homme est rabaissé, là où la vérité est piétinée, là où l’oubli menace de faire mourir deux fois les morts.
Nous devons dire à nos enfants que la France est une idée autant qu’un territoire, et que cette idée vaut qu’on se batte pour elle.
Le 18 juin 1940, un homme seul a allumé une flamme. Il nous revient, 85 ans plus tard, de la porter à notre tour. Non pas comme un souvenir, mais comme une promesse.
Ce texte a été écrit par notre compagnon Yves d'Amécourt. Il est repris de son site internet.
https://yves-damecourt.com/18-juin-la-fidelite-la-flamme-et-le-combat/