Mouvement Initiative et Liberté
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Une communication du MIL
EN 1958, DE GAULLE
A REDRESSÉ LA FRANCE
C’EST POSSIBLE AUJOURD’HUI ?
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Transférer ce texte à une personne
La dette publique française dépasse aujourd’hui 3.200 milliards d’euros. Depuis 1974, aucun budget n’a été voté à l’équilibre. Le déficit atteint plus de 5 % du PIB en 2024, dans un pays déjà champion mondial des prélèvements obligatoires. Notre commerce extérieur accuse un déficit abyssal, notre balance des paiements n’est sauvée que par les dividendes de quelques grandes entreprises… qui investissent désormais davantage à l’étranger qu’en France.
Dans le même temps, l’école s’effondre, la recherche recule, les hôpitaux s’essoufflent, l’énergie devient chère et instable, et l’État, malgré son poids croissant, semble incapable de remplir ses missions les plus élémentaires. À force d’acheter la paix sociale à crédit, nous avons rompu le lien entre effort et récompense. L’administration prolifère, les normes s’empilent, les talents fuient. Les entrepreneurs renoncent, les investisseurs hésitent, les jeunes doutent. Et la classe moyenne s’appauvrit, écrasée de charges, privée de perspectives.
Cette impasse n’est pas une fatalité. L’histoire l’a déjà montré. En 1958, la France connaissait une crise comparable. Elle a trouvé les ressources pour se relever. Elle peut recommencer. Encore faut-il le vouloir.
1958 : la faillite évitée de justesse
Quand le général de Gaulle revient au pouvoir le 1er juin 1958, la situation est désastreuse. La IVe République est à bout de souffle. La guerre d’Algérie fracture la nation. L’inflation dépasse 15 %. Le déficit public explose. Les réserves de change sont exsangues. La France quémande un prêt au FMI pour finir le mois. Le franc s’effondre, les prix flambent, l’activité ralentit.
«Sur tous les postes à la fois nous sommes au bord du désastre», écrit de Gaulle dans ses Mémoires d’Espoir. Et il ajoute, avec cette dramatisation qu’il manie comme une arme : «En somme, l’alternative, c’est le miracle ou la faillite».
Les chiffres sont glaçants : en 1957, le déficit extérieur dépasse 1,2 milliard de dollars. Il faut 350 francs pour un dollar. Le budget 1958 prévoit un «découvert» d’au moins 1.200 milliards d’anciens francs. Les engagements européens pris au titre du traité de Rome ne peuvent pas être tenus. La France n’a plus ni crédit, ni confiance.
Et pourtant, à cette heure critique, elle trouve en elle-même la force de rebondir.
Une vision, une méthode, une équipe
De Gaulle constitue en quelques jours un gouvernement resserré, autour d’hommes d’expérience et de conviction. Georges Pompidou devient son directeur de cabinet. Michel Debré entre à la Justice. Maurice Couve de Murville prend les Affaires étrangères. Le très populaire Antoine Pinay est nommé aux Finances. Et dans l’ombre, un homme joue un rôle central : Jacques Rueff, économiste libéral, polytechnicien, ancien collaborateur de Raymond Poincaré et de Paul Reynaud, adversaire résolu de John Maynard Keynes.
Dès l’été 1958, Rueff, soutenu par Roger Goetze, ancien directeur du Budget, rédige un plan de redressement. Il préconise une thérapie de choc : dévaluation de 17,5 % du franc, arrêt des subventions aux entreprises déficitaires, suppression de l’indexation des salaires, stabilité monétaire, réduction vigoureuse des dépenses, ouverture de l’économie française au Marché commun.
«L’inflation, écrivait Rueff, c’est la taxation des plus pauvres par la lâcheté des gouvernants».
Pinay hésite, mais accepte finalement d’associer son nom au plan, après une ultime discussion avec Goetze et un plaidoyer personnel de De Gaulle. Le 28 décembre 1958, le Général s’adresse à la nation : «Je ne cache pas que notre pays va se trouver quelque temps à l’épreuve. Mais le rétablissement visé est tel qu’il peut nous payer de tout».
Et il ajoute : «Nous avons adopté et, demain, nous appliquerons tout un ensemble de mesures financières, économiques, sociales, qui établit la nation sur une base de vérité et de sévérité, la seule qui puisse lui permettre de bâtir sa prospérité».
La confiance par la vérité
Le plan Rueff-Pinay est mis en œuvre sans délai. La nouvelle monnaie – le «nouveau franc» – entre en vigueur au 1er janvier 1960. Les dépenses sont contrôlées, les rentiers secoués, l’épargne encouragée. L’ouverture au traité de Rome est confirmée, malgré les réticences d’une partie du patronat et de la classe politique. De Gaulle tranche : «À l’ère de la compétition, il faut être compétitif».
Le choc est rude, mais salutaire. L’inflation recule rapidement. Le budget est équilibré dès 1959. Les investissements reprennent. Le commerce extérieur redevient excédentaire. L’économie française, loin de sombrer, se relance. Les Trente Glorieuses peuvent commencer.
Ce succès n’est pas dû au hasard. Il résulte d’une méthode. Une vision claire. Quelques principes forts. Une équipe compétente. Et, surtout, un dialogue sincère entre le chef de l’État et les Français.
Michel Debré le dira plus tard : «Le peuple français n’a pas peur des efforts. Il a peur du mensonge».
Et aujourd’hui ?
La situation actuelle n’est pas moins grave. La dette, l’inflation, les déficits, la désindustrialisation, la défiance. Tout y est. Ce qui manque, c’est une colonne vertébrale. Une capacité à dire la vérité. Une volonté politique.
Ce que 1958 nous enseigne, c’est qu’aucun redressement n’est possible sans un pacte de confiance entre les gouvernants et les gouvernés. De Gaulle a su parler au peuple comme à une grande personne. Il ne l’a pas cajolé. Il l’a regardé dans les yeux. Il lui a dit : voilà où nous en sommes, voilà ce qu’il faut faire. Et le peuple a suivi. Parce qu’on l’avait respecté.
Ce pacte repose sur trois piliers. D’abord, la liberté : libérer les forces vives de la nation, simplifier, alléger, encourager, faire confiance à ceux qui travaillent, innovent, entreprennent. Ensuite, la vérité budgétaire : recentrer la dépense publique sur les fonctions régaliennes – énergie, recherche, infrastructures – et cesser de croire que chaque difficulté appelle un chèque. Enfin, la responsabilité : récompenser l’effort, soutenir les actifs, refuser les rentes et les clientélismes.
«Non point, certes, que, tel qu’il est, on puisse méconnaître la grande valeur fondamentale de notre pays», écrivait De Gaulle. «Mais à présent, le système l’isole et l’endort». Il appelait à «sortir la France de l’ancien protectionnisme» et à engager l’économie dans «l’expansion au-dehors comme critérium de sa réussite».
La grandeur n’est pas un souvenir
La France de 2025 n’est pas moins riche de talents que celle de 1958. Elle a des ingénieurs, des agriculteurs, des chercheurs, des ouvriers, des entrepreneurs remarquables. Elle a une jeunesse pleine de ressources. Ce qu’elle attend, ce n’est pas un protecteur de circonstance, mais un capitaine. Quelqu’un qui sache où aller, pourquoi, et avec qui.
Rueff, Goetze, Pinay, Pompidou, Debré, Couve de Murville. Une équipe. Une méthode. Une vision. Et un président qui engage le pays dans un discours de vérité, sans faux-semblants.
De Gaulle l’avait compris. «À la tête de la France, dans le calme ou dans l’ouragan, les problèmes économiques et sociaux ne cesseront jamais d’être au premier plan de mon activité comme de mes soucis».
Cette phrase, chacun de nos dirigeants devrait la relire chaque matin. Car elle dit tout. Et elle suffit à rappeler que redresser la France, ce n’est pas impossible. C’est juste urgent.
Ce texte a été écrit par notre compagnon Yves d'Amécourt. Il est repris de son site internet.
https://yves-damecourt.com/