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VI­GILANCE & AC­TION - N° 346 DECEMBRE 2016


DE LA PRIMAIRE À L'ELYSÉE

par Jacques ROU­GEOT,

professeur émérite à la Sorbonne, ancien président de l'UNI, vice-président du MIL


La primaire dite de la droite et du centre sera incontestablement considérée comme un jalon important de la vie politique française. L'importance de la participation, l'intérêt suscité dans l'opinion, la correction des débats, la qualité de l'organisation, la netteté du résultat sont les marques d'un succès remarquable. Cela crée des conditions favorables à la droite pour la campagne présidentielle et nous devons en profiter politiquement sans bouder notre plaisir. On a l'impression que toutes les bonnes fées se sont penchées sur cette première édition et que Carabosse n'a pas pu exercer ses maléfices. Cela dit, on va peut-être un peu vite en besogne lorsqu'on affirme péremptoirement que cette procédure est installée définitivement dans nos institutions. S'il se trouvait, à une autre occasion, qu'un candidat de poids refuse la primaire ou refuse son résultat parce que celui-ci serait très serré, on verrait ressurgir toutes les difficultés de principe et pratiques d'une telle organisation. Les socialistes, qui avaient techniquement réussi leur primaire de 2011, nous font voir aujourd'hui les limites de l'exercice.


Quoi qu'il en soit, prenons les choses telles qu'elles nous sont données. Auscultons les résultats du premier tour en nous interrogeant sur les échecs avant de nous intéresser à la victoire. On tire tout autant d'enseignements des échecs que des succès.


Un gagnant, des perdants


On peut penser que c'est une évidence de dire qu'il n'y a qu'un gagnant et que tous les autres concurrents sont des perdants. Mais ce n'est pas toujours vrai. Il peut y avoir des victoires chétives et des défaites prometteuses. Ce n'est pas le cas cette fois-ci. Tous les candidats, sauf le vainqueur, ont été sévèrement battus. Chaque cas est particulier.


Certains résultats étaient attendus. Jean-Frédéric Poisson était marginal dès le départ et l'est resté. Nathalie Kosciusko-Morizet, avec un peu plus de 2 %, est ramenée à sa juste valeur, peut-être même un peu surévaluée. Cette personne, qualifiée pour la primaire parce qu'elle était une femme et non bien qu'elle le fût, a réussi à faire croire pendant un certain temps à un certain nombre de personnes qu'elle était un brillant sujet promis à un brillant avenir. Son piteux échec à l'élection municipale parisienne n'avait pas ouvert tous les yeux.


L'échec de Jean-François Copé inspire de la tristesse. Comment cet homme intelligent, monté très haut dans son parti, a-t-il pu avoir un score aussi bas ? Il doit incriminer sa très mauvaise campagne, où il passé une partie de son temps à s'attendrir sur son sort et une plus grande encore à régler obsessionnellement ses comptes avec Nicolas Sarkozy.


Le cas de Bruno Le maire est politiquement plus intéressant et même, vu de l'extérieur, stupéfiant. Trois semaines avant l'échéance, il dépassait François Fillon ; à l'arrivée, il avait vingt fois moins de voix que lui. Tout le monde reconnaît ses qualités personnelles, en particulier intellectuelles. Tout le monde, à commencer par lui-même, avec une tendance à les amplifier quelque peu, ce qui se voit un peu trop dans son attitude générale et ne joue pas en sa faveur. Mais, plus profondément, ce qui explique sa défaite cuisante, c'est qu'il a trop cru aux formules simplificatrices de la nouvelle doxa. Article unique : les Français veulent du nouveau. Au début, cela a pu provoquer une sensation agréable, mais simplement épidermique. Au fur et à mesure du temps qui passe, beaucoup ont pensé que cet argument unique était vraiment trop léger pour un candidat qui ne donnait de lui qu'une image assez floue et qui demandait qu'on lui confiât l'Elysée pour y faire son apprentissage.


Le destin de Nicolas Sarkozy est particulièrement troublant, parce qu'il mêle inextricablement psychologie et politique. La question première et essentielle qui se pose à l'observateur objectif est celle-ci : comment s'explique l'hostilité souvent hargneuse et rageuse qui cloue au pilori l'ancien président de la République jusque dans les rangs de la droite ? Combien de fois a-t-on entendu, en préalable à toute discussion sur la primaire : « En tout cas, je ne voterai jamais pour Sarkozy » !

La raison officielle est qu'il n'a pas réalisé tout ce qu'on attendait de lui. Explication rationnelle dont on se satisfait à trop bon compte. Si l'on prend comme critère la non réalisation des espoirs de la droite, certains sont plus déficitaire que Nicolas Sarkozy. De façon encore plus paradoxale, Fillon devrait encourir le même reproche, même si c'est à un moindre degré. C'est d'ailleurs cet argument très logique que le FN martèle à coups redoublés. Et pourtant, il semble glisser sur la virginité fillonesque comme l'eau sur les plumes d'un canard. Il y a autre chose dans le cas de Sarkozy.

De façon un peu vague, on peut invoquer sa personnalité, son tempérament qui, pour des raisons plus sensitives que rationnelles, déclenche des réactions vives d'attraction ou de répulsion. En fait, si l'on veut trouver des reproches plus précis, il faut remonter au début de son quinquennat. Ses détracteurs incriminent toujours l'ouverture à gauche (alors qu'elle n'a eu pratiquement aucune influence politique), son côté bling-bling avec le Fouquet's, le yacht de Bolloré et l'expression malheureuse «casse-toi, pauvre con». Il a eu beau se « présidentialiser » ensuite, cette première image lui a collé à la peau jusqu'à la fin de son mandat, et encore aujourd'hui. Ce qui montre l'importance de ce facteur dans l'esprit du public, c'est qu'une mésaventure très voisine est arrivée à Valéry Giscard d'Estaing, qui a voulu se présenter comme un président moderne, au style nouveau, répudiant les rigidités ringardes de la tradition gaullienne et ouvert sur l'extérieur, c'est-à-dire sur la gauche. Ce n'est pas l'image que les Français, et surtout le Français de droite, se font d'un président. Le cas, très différent, de l'autre grand vaincu de la primaire, Alain Juppé, sera envisagé plus loin.


Les suites d'une victoire


Presque tous les commentateurs patentés qui s'interrogent sur la signification et la portée de la victoire de François Fillon insistent sur un point : l'électorat de la primaire de la droite n'est pas représentatif de l'ensemble de l'électorat, même pas de celui de la droite. Il est généralement caractérisé comme composé de gens âgés, financièrement à l'aise, adeptes de valeurs morales traditionnelles d'inspiration catholique. On en déduit, ouvertement ou implicitement, que la majorité de la population, plus populaire et plus jeune, est en désaccord avec la coloration très droitière de la campagne de François Fillon, comme si les votants constituaient une sorte de tribu de privilégiés vivant dans un camp retranché à l'écart des dures réalités de ce monde. Sur la lancée, on en conclut que, en vue de l'élection présidentielle, François Fillon devra donner à sa campagne une allure plus édulcorée, plus atténuée, plus « sociale », avec des positions moins tranchées, bref, moins à droite et tirant vers le centre.


En fait, cette analyse, qui semble reposer sur des constats de bon sens, se révèle à l'examen superficielle, voire fausse. Elle se fonde sur des présupposés qui sont des banalités rabâchées de longue date, mais qui appartiennent à une époque révolue et qui sont maintenant en total porte-à-faux. C'est parce que la plupart des experts autoproclamés en sont demeurés là qu'ils sont déconnectés des réalités profondes d'aujourd'hui et qu'ils subissent débâcle sur débâcle à l'épreuve des faits, au point que, même rétrospectivement, ils sont incapables d'expliquer les événements qu'ils n'ont pas su prévoir.


En réalité, la différence entre ceux qui ont voté à la primaire et ceux qui n'ont pas voté ne représente pas une différence d'opinion, mais une différence dans le degré de mobilisation. On s'engage plus, sur les sujets généraux que sont les questions politiques, dans certains milieux (ce qu'on appelle la classe moyenne et moyenne supérieure) que dans les catégories populaires. C'est même une constatation que l'on peut faire dans bien des domaines. Cela ne signifie pas que ceux qui ne se sont pas dérangés ont des idées très éloignées de ceux qui ont voté. D'ailleurs, si c'était le cas, les centristes auraient pu apporter leurs suffrages à d'autres candidats, ne serait-ce qu'à Alain Juppé, pour ne rien dire de madame Kosciusko-Morizet, écolo-bobo confortablement hébergée au sein des Républicains. Qui plus est, s'il y a une différence de tonalité entre les votants et les autres, rien ne dit que ceux-ci souhaitent une édulcoration des positions de droite, bien au contraire : les couches populaires sont aujourd'hui souvent plus à droite que les autres catégories. Le rapport entre les votants à la primaire et les autres n'est donc pas celui de deux groupes juxtaposés et plus ou moins étrangers l'un à l'autre, c'est que les uns sont électoralement à la pointe d'un mouvement, d'un courant puissant dont l'orientation à droite ne fait pas de doute et qui se gonflera lors de l'élection présidentielle.


Voilà bien une caractéristique de la situation présente qui déconcerte les commentateurs traditionnels. Ils croient que, comme ils l'ont toujours fait, il suffit d'additionner des catégories électorales bien répertoriées pour, à partir de là, construire un programme électoral composé de morceaux censés appâter chacun une catégorie électorale potentielle. Raisonnement doublement faux. D'une part, les catégories traditionnelles ne sont plus figées, elles sont même puissamment et profondément mouvantes et, d'autre part, ce qui détermine le vote des électeurs, ce n'est plus seulement l'adhésion à quelques repères politiques bien connus, c'est surtout la participation globale à un courant qui emporte la conviction parce qu'il exprime quelques idées fortes et profondément ressenties, loin de la pensée unique gauchisante, et parce qu'il indique clairement une direction. C'est parce qu'ils ont des méthodes fondées sur des conceptions et des données statiques que les instituts de sondages ont une boussole qui s'affole au point qu'ils se font souvent ridiculiser. Pour être en prise sur la réalité d'aujourd'hui, les analyses doivent être dynamiques, c'est-à-dire repérer la direction et la force d'un courant pour se projeter dans l'avenir, si proche soit-il. C'est évidemment moins mécanique, donc moins facile, et cela requiert même une bonne dose d'esprit de finesse.


Toutes ces considérations s'appliquent à la situation française actuelle, et particulièrement à la campagne qui doit amener François Fillon à l'Elysée. Les leçons des mois précédents sont claires, et mêmes éblouissantes pour montrer ce qu'il ne faut pas faire. Toute la stratégie d'Alain Juppé reposait sur l'idée qu'il fallait rassembler large, au-delà des limites de la droite et, pour cela, avoir un programme sans aspérités, avec, même, un petit salut au politiquement correct sous la forme de l'identité heureuse. Au-delà de la droite, cela désignait les centristes, qu'il s'agissait de choyer, de capter et de conserver. A l'appui de ce calcul, une menace terrifiante : Bayrou. Si Juppé n'était pas désigné par la primaire, le président du Modem se présenterait à l'élection présidentielle, divisant les voix de la droite et du centre-droit et risquant ainsi de faire battre son candidat. Il suffisait donc de faire une simple addition : droite plus centre, seul Alain Juppé pouvait assurer la droite de la victoire. L'argument n'était pas glorieux, les esprits chagrins pourraient même parler de chantage, mais, après tout, si la victoire était à ce prix, la vie politique en a vu d'autres et le raisonnement paraissait impeccable. Il l'était si l'on applique le modèle statique dont nous avons parlé plus haut. Mais ce modèle est obsolète. Il a été démenti par l'extrême mobilité du corps électoral, qui a déréglé les sondages et par l'affirmation d'un courant fortement identitaire à droite. Deux facteurs convergents de nature dynamique qui imposent une nouvelle forme d'analyse.


Les leçons de la primaire doivent maintenant être appliquées à la campagne présidentielle, en particulier dans la conduite à adopter vis-à-vis des centristes. Le pire serait d'entrer avec eux en marchandage, ou même simplement en négociations qui porteraient à la fois sur une édulcoration du programme du candidat de droite et sur des cadeaux en sièges qui leur seraient faits à l'occasion des législatives suivant la présidentielle. Outre que François Fillon perdrait beaucoup sur son image de rectitude et de constance, il vendrait ainsi son droit d'aînesse pour un plat de lentilles. Les électeurs centristes, en effet, ne constituent en rien une force homogène. Ils sont éparpillés un peu partout, de la base au sommet. Le seul point commun entre Bayrou, Lagarde et Morin, c'est qu'ils n'ont à peu près aucune influence sur les électeurs dits centristes. Ceux-ci, conformément à leur nature et à leur vocation, suivront le courant porteur, qui doit donc impérativement être de droite. Bayrou est démonétisé. Dans la compétition électorale, c'est un pétard mouillé. S'il menace de se présenter pour prolonger son petit chantage d'avant la primaire et pour essayer d'obtenir de la droite quelques avantages, il suffit de lui dire chiche. On espère qu'il n'est pas assez aveuglé par la haute idée qu'il a de lui-même pour se lancer dans une quatrième candidature dont le résultat serait pathétique. Un artiste, même si c'est un second rôle, doit avoir à cœur de soigner sa sortie. C'est tout ce qu'il lui reste. On peut donc passer aux choses sérieuses.


Un paysage politique recomposé


Après la victoire de François Fillon à la primaire de la droite, les dirigeants du FN se sont répandus dans les médias avec de grands sourires en disant que ce résultat leur convenait parfaitement parce qu'ils allaient pouvoir clouer leur adversaire au pilori en lui imputant le bilan, qu'ils jugent exécrable, du quinquennat de Nicolas Sarkozy. En réalité, leurs sourires étaient plutôt jaunes et Marion Maréchal-Le Pen a été à peu près la seule à reconnaître que le candidat de la droite allait être pour son parti un adversaire particulièrement redoutable. En effet, François Fillon apparaît aux yeux des Français comme un homme relativement neuf, sur lequel ne pèse pas de contentieux personnel et on retient le plus souvent de ses propos des promesses de changements profonds aux couleurs de la droite. Il a même bénéficié d'avantages paradoxaux. Nicolas Sarkozy l'a aidé involontairement en faisant une campagne très convaincante, dont il n'a pas recueilli les fruits, sur des thèmes très compatibles avec les siens. Quant à Alain Juppé, il a cru lui porter tort en le présentant comme le candidat d'une droite pure et dure, mais c'est précisément cela que les électeurs attendaient.


Les médias de la bien-pensance présentent souvent la situation de façon biaisée en disant que François Fillon, comme Nicolas Sarkozy, chasse sur les terres du FN pour débaucher ses électeurs, comme s'il était un braconnier cherchant à s'emparer frauduleusement du bien d'autrui. Disons plus objectivement qu'il existe une masse importante de Français qui se sentent de droite sans réserve ni mauvaise conscience et qui, au moment de voter, hésitent entre la droite en quelques sorte institutionnelle (UMP, LR) et le FN. Quand ils ont l'impression que les représentants officiels de la droite font trop de concessions à la bien-pensance, voire à la gauche, ou si certaines personnalités leur déplaisent, ils votent pour le FN sans forcément se sentir profondément engagés dans toutes ses positions. Mettons des noms sur les divers cas de figure. Si Marine Le Pen avait eu comme concurrent Nicolas Sarkozy, elle aurait bénéficié de l'effet, peu rationnel mais indéniable, « Tout sauf Sarko ». Si elle avait eu en face d'elle Alain Juppé, elle aurait recueilli nombre d'électeurs de droite qui n'auraient jamais accepté de voter pour lui. Si le rejet par certains de Nicolas Sarkozy a été amplement souligné dans les médias, le même phénomène à l'encontre d'Alain Juppé a été traité beaucoup plus discrètement. Et pourtant, bien des indices permettent de supposer qu'il aurait été nettement plus important qu'on ne l'imagine.


François Fillon ne pâtit d'aucun de ces deux handicaps. Parmi tous les électeurs qui inclinent à voter pour une droite traditionnelle, bien peu éprouvent une quelconque répugnance à l'égard du vainqueur de la primaire. Il est même probable que certains électeurs potentiels de Marine Le Pen voteront pour François Fillon au nom du vote utile. La droite flottante sera captée par le courant Fillon.


Le candidat de la primaire de droite entraînera-t-il des conséquences pour la gauche ? On dit que la défaite de Nicolas Sarkozy a précipité la décision de François Hollande de ne pas se présenter à sa propre succession. C'est possible, mais, de toute façon, sa situation était devenue intenable. Quant aux candidats à la primaire (Valls, Montebourg, Hamon, Peillon), ils sont si occupés à se combattre entre eux et si préoccupés par l'après-2017 que la personnalité du candidat de droite n'est pas le premier de leurs soucis. Ils se contenteront de faire leur numéro habituel sur la brutalité de la droite envers les pauvres gens. Mélenchon, lui aussi, n'a de comptes à régler qu'avec la gauche, au sein de laquelle il veut par tous les moyens s'imposer comme le chef.


Reste le cas d'Emmanuel Macron. Dans les circonstances actuelles, il serait à peu près sûr de devancer tous les candidats de gauche. Si nous étions dans une situation rationnelle et stable, sa bulle devrait se dégonfler dans quelques mois, faute pour lui de disposer de l'infrastructure d'un parti. Mais, vu l'état de décomposition du PS, il n'est pas impossible que son aventure personnelle prenne consistance et s'implante dans la durée. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. Il peut d'ailleurs présenter pour nous quelque intérêt. En l'absence d'Alain Juppé, il a de bonnes chances d'aspirer un certain nombre de voix centristes, desséchant ainsi le potentiel théorique, déjà amaigri, de François Bayrou. Cette perspective devrait fournir à celui-ci une raison supplémentaire de ne pas se présenter à l'élection présidentielle.


Le réveil des peuples


Nous n'oublions pas que la primaire de la droite ne représente qu'une étape d'un processus qui ne s'achèvera pour le mieux que si François Fillon entre à l'Elysée. Pourtant, elle acquiert dès maintenant la valeur d'un signe si on la rapproche d'autres événements sans rapports directs entre eux mais qui présentent des similitudes frappantes. On pense évidemment aux événements les plus marquants que sont le Brexit, l'élection de Donald Trump et le referendum constitutionnel en Italie. Dans tous les cas, il s'agit d'élections capitales, décisives qui ont donné lieu à des résultats non seulement inattendus, mais qui, quelques mois plus tôt, paraissaient quasi inimaginables. Le fait qu'il s'agisse d'élections est essentiel : ce sont les peuples qui se sont emparés d'un instrument de pouvoir légal pour sortir des chemins que d'autres, en principe plus savants, avaient balisés pour eux et pour renverser tranquillement la table. En Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et même en Italie, la volonté d'affirmer une identité nationale menacée par des facteurs de dissolution internes et externes a joué un rôle essentiel.


L'élection présidentielle française, avec son premier acte, la primaire de la droite, s'inscrit manifestement dans ce mouvement. A ce titre déjà, nous sommes les acteurs d'un moment historique crucial. Nous avons vécu pendant le vingtième siècle dans l'ère des idéologies et des utopies. Nous nous apercevons maintenant que ces idéologies et ces utopies, qu'on nous présentait comme des promesses d'un avenir radieux ne font en fait qu'engendrer les catastrophes de toute sorte. La réalité se venge. C'est une évolution positive, mais il faut prendre garde, dans des périodes aussi chaotiques que la nôtre, de bien dominer les bouleversements qui se produisent. Pour la France, il faut que l'Etat soit en de bonnes mains.


On l'a vu a contrario avec François Hollande. Chacun constate les résultats à l'intérieur de notre pays. C'est peut-être encore pire avec la politique étrangère, inspirée par un droit-de-l'hommisme bêlant et ravageur qui a voulu nous faire croire que nos ennemis prioritaires s'appelaient Poutine et Bachar el-Assad, contribuant ainsi à faire durer la guerre en Syrie pendant plusieurs années, avec les massacres qui s'ensuivent, à commencer par ceux des chrétiens d'Orient. En prétendant appliquer une sorte d'angélisme politique, Hollande tombe sous la condamnation implacable de Pascal : « le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête ». La France qui, il y a cinq ans, était une puissance qui comptait sur le théâtre du monde, a aujourd'hui disparu du paysage, quand elle n'est pas ridiculisée en la personne de son président.


C'est Hollande maintenant qui disparaît, mais sa personne compte peu. Il est simplement le digne représentant d'une catégorie politique qui se perpétue et qui fera les mêmes ravages si elle se maintient au pouvoir.


C'est François Fillon qui a la très lourde responsabilité de piloter la France dans cette phase exaltante et redoutable de notre histoire. Nous lui exprimons notre pleine confiance, fondée sur la connaissance de sa personnalité, de ses convictions, de son programme d'action. Nous l'assurons de l'appui de notre force militante pour l'aider à tenir fermement les positions qu'il a lucidement et courageusement affirmées. Contribuer à lui permettre de conquérir l'Elysée n'est pas pour nous un choix parmi d'autres, c'est un devoir civique.