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VI­GILANCE & AC­TION - N°  465 Avril 2024      



LES COMMUNICATIONS ÉCRITES DU M.I.L



WOKISME À SCIENCES-PO PARIS

«L’ENSEIGNEMENT SUPéRIEUR S’EST SOUMIS à DES FASCISTES ROUGES»

ESTIME GUILHEM CARAYON (LR)


Communication du MIL du 15 mars 2024


ENTRETIEN. Vice-président et porte-parole des Républicains, président des Jeunes LR, Guilhem Carayon voit dans la réaction de la direction de Sciences Po Paris toute sa «lâcheté insupportable et irresponsable» face à des militants pro-palestiniens plus antisémites qu'antisionistes.


Valeurs actuelles : Quelle fut votre réaction en apprenant l’occupation, par des militants pro-palestiniens de Sciences Po, d’un amphithéâtre renommé «Gaza» ?


Guilhem Carayon : Avant toute chose, rappelons qu’un établissement d’enseignement supérieur ne «s’occupe» pas. D’abord par respect pour les professeurs qui transmettent un savoir, puis pour les contribuables qui financent chaque année la scolarité étudiante. 

L’étudiant n’a qu’un devoir : travailler et rendre à son pays un peu de ce que ce dernier lui a donné. L’exclusion de l’amphithéâtre d’une étudiante juive, parce qu’elle est juive, est extrêmement grave. Elle est révélatrice d’un antisémitisme totalement décomplexé qui règne à Sciences Po, comme dans de très nombreux établissements universitaires. 


Ce qui était la fabrique des élites de notre pays est pris en otage par des militants d’extrême-gauche incarnant parfaitement l’islamo-gauchisme, théorisé il y a déjà vingt ans, par Pierre-André Taguieff.


«L’antisionisme» revendiqué par les étudiants-militants cache-t-il un antisémitisme qui ne dit pas son nom ?


Bien sûr. Depuis plusieurs mois déjà, on entend à Sciences Po des discours d’étudiants qui légitiment les actions du mouvement terroriste du Hamas. Sur les conversations Whatsapp [messagerie en ligne, ndlr] du groupe «Students for Justice in Palestine», des étudiants parlent des attaques du Hamas comme d’une «résistance justifiée». 


Sur le campus de Menton, certains étudiants ont même dû arrêter de venir en cours en raison du climat de terreur. Plusieurs procédures disciplinaires sont déjà en cours contre des étudiants pour cause d’apologie du terrorisme ! Mais il faut le dire : la direction de Sciences Po est encore impuissante face à ces propagateurs de haine antisémites. Comment expliquer qu’elle ait pu laisser se dérouler une conférence animée par Rima Hassan, militante pro-palestinienne qui estime que le Hamas mène une action parfaitement légitime et qu’Israël n’a pas le droit de se défendre ?


L’antisémitisme n’est pas une conviction, c’est un délit. L’Histoire exige que nous la combattions de toutes nos forces. Or le communiqué laconique publié par la direction de Sciences Po démontre que cette dernière est soumise aux groupuscules d’extrême-gauche qui font régner la terreur dans l’université.


«Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde», écrivait Camus. En se montrant incapable de nommer les actes antisémites dans son communiqué, la direction a sombré dans une lâcheté insupportable et irresponsable. Le monde universitaire, d’ordinaire si prompt à dénoncer tout et n’importe qui, est soudain étrangement silencieux ! La vitesse et la facilité avec lesquelles l’enseignement supérieur s’est soumis à des fascistes rouges fait froid dans le dos.


À ce propos : étudiant à la Sorbonne et président de la branche locale de l’UNI, qu’avez-vous pu constater en la matière ?


Je pourrais raconter mille exemples de ce que j’ai observé durant ma vie étudiante. Quand Danièle Obono, députée de la France Insoumise, a été nommée au conseil d’administration de l’école de Sciences Politiques de la Sorbonne, j’ai été le seul à m’indigner. Or, cette femme, elle aussi, considère le Hamas comme un «mouvement de résistance». 


Dans mon université, des ateliers ont été organisés en non-mixité raciale – c’est-à-dire interdits aux blancs. Comment la Sorbonne, temple de l’universalité, a-t-elle ainsi pu cautionner séparatisme et racisme au sein de ses murs ? 


Souvenons-nous que même François Hollande avait été interdit d’expression à Sciences Po Lille, que ses livres y avaient été détruits. J’ai honte de ce qu’est devenu l’enseignement supérieur de mon pays, qui recèle par ailleurs tant de talents ! J’ai honte de voir autant de bêtise, de soumission. J’ai honte de voir le retour de l’obscurantisme au pays des Lumières, des libertés et de l’esprit critique.


Publié le 13 mars 2024 par Valeurs Actuelles. Son père est membre du comité d’Honneur du MIL.




«LA BATAILLE DE LR DOIT ÊTRE CELLE DE LA SOUVERAINETÉ »


Communication du MIL du 31 mars 2024


La Tribune : Les intentions de vote pour LR aux élections européennes continuent de baisser. Qu’est-ce qui coince ?


Julien Aubert : Les Français ne sont pas encore dans la campagne. Lorsqu’ils le seront, ils comprendront l'intérêt de voter Les Républicains plutôt que pour les listes portées par Emmanuel Macron et Marine Le Pen. On est dans un jeu où le président de la République invoque tous les sujets qui lui permettent de colmater son socle, notamment la guerre en Ukraine. Il l’avait déjà instrumentalisée en 2022 comme il avait instrumentalisé l'euthanasie en 2019. À côté de cette approche manichéenne, pour un parti qui manie autre chose que le blanc ou le noir, c'est forcément plus compli­qué. Je pense que le sérieux finit toujours par triompher.


Vous souhaitez participer de manière active à cette campagne et être en position éligible sur la liste de François-Xavier Bellamy. Qu'en dit votre président de parti, Éric Ciotti ?


Éric et moi sommes de la même région. Nous avons eu des batailles communes, aux primaires ou aux régionales contre Renaud Muselier. Il connaît mes qualités et mes défauts. Il doit composer une liste dans un contexte compliqué. C'est comme au football : vous avez plein de bons joueurs et il faut choisir le meilleur dispositif à l’instant «T». La désignation de François-Xavier Bellamy, qui a toujours été clair dans ses convictions, a donné le «LA» d’un combat dans lequel je me sens très à l’aise. Sans vouloir dramatiser, nous ne jouons pas n'importe quel match. C'est un test de «criticité» après une présidentielle et des législatives compliquées. In fine, il nous faut la liste la plus offensive, la plus cohérente.


Quel message devrait porter la droite dans cette campagne européenne ?


Comme je le fais à la tête du mouvement «Oser la France», il faut défendre une alternative radicale à l'Europe actuelle, entre Frexit et fédéralisme. Si on n'est pas content du mandat d’Ursula von der Leyen (présidente de la Commission européenne, issue de la droite alle­mande) ou de l'Union européenne telle qu'elle est, il n'y a que le vote LR qui permettra de changer les choses. Le RN a remporté tous les scrutins européens depuis dix ans, mais pour quel résultat ? Il n’a pas d'alliés hormis des infréquen­tables, comme l’AFD en Allemagne. Notre bataille doit être celle de la souveraineté de la France. Emmanuel Macron veut fédéraliser l’UE sans le dire, en préparant la dette commune ou la fin de l'unani­mité. Les Français aiment l’Europe, mais font le même constat que Philippe Seguin : la technocratie nous a menés au bord du gouffre.


Ces messages ne semblent pas entendus par vos électeurs...


François-Xavier Bellamy a été très clair lors de son meeting à Aubervilliers. Certains, plus à droite que nous, laissent entendre que nous serions des sociaux­-traitres car nous appartenons au Parti populaire européen. Sauf que, en disant qu'on peut reformer l'Europe en restant en dehors des grands partis européens, le RN ment aux Français. S'agissant de la souveraineté, j'ai constaté que Nicolas Dupont-Aignan ne présenterait pas de liste. Or nous partageons ce combat pour la France. LR a beaucoup évolué sur cette question, comme le démontre le vote décisif contre le Ceta (accord de libre-échange entre I’UE et le Canada) assumé par Bruno Retailleau et son groupe au Sénat. Nous avons opéré une mue idéologique sur l’ouverture au libre-échange et le colbertisme. Ces combats sont parfois rendus invisibles par la communication omniprésente et mensongère d'Emmanuel Macron : c'est le moment de les assumer.


Pourquoi LR n'arrive pas à distancer la liste conduite par Marion Maréchal ?


Ce n'est pas notre sujet, le peuple tran­chera. Éric Zemmour, qui voulait tuer le RN et unifier la droite, a rendu un service à Marine Le Pen en la recentrant. Il a cassé en partie l'implantation de LR en contribuant à la défaite de gens comme moi, alors qu’à l'origine, il se disait en phase. Nous avons tous des inquiétudes sur les questions identitaires, mais la pré­sidentielle a montré qu’une inquiétude ne faisait pas un projet politiqué et qu'une obsession ne faisait pas une vision.


Julien Aubert est vice-président des républicains, ancien député, président de «Oser la France».

Il est membre du comité d’Honneur du MIL

Repris de La tribune du 31 mars 2024




DETTE : MACRON RESPONSABLE ET COUPABLE


Communication du MIL du 3 avril 2024


Macron et son ministre de l’économie, Le Maire, sont les responsables de la très mauvaise situation financière de la France. La progression de la dette n’a fait que s’amplifier depuis 2012 pour atteindre le sommet actuel. Des dépenses, trop souvent inefficaces, voir inutiles, ont été engagées («quoi qu’il en coûte»). Dernier exemple en date, la réduction des recettes de l’État en 2023 était prévisible et prévue par les économistes. La baisse des recettes de l’État provient du ralentissement de la croissance, qui était mesuré et connu de tous (baisse de l’impôt sur les sociétés, baisse du montant collecté de TVA, baisse des recettes de l’impôt sur le revenu, baisse des taxes perçues). La future note de la France, qui va être attribuée par les agences de notation, va pénaliser notre pays, notamment vis-à-vis des marchés financiers sur lesquels Macron emprunte beaucoup.


Selon l’Insee, le déficit public a, encore, progressé en 2023. Cette détérioration des comptes publics est une très mauvaise nouvelle pour le gouvernement et pour la France. En 2023, le déficit public s’élève à 5,5% du Produit Intérieur Brut (PIB) et s’avère supérieur aux prévisions de 4,9% de la loi de finances (pour mémoire, ce taux était de 2,4% en 2019). Ce résultat découle de l’augmentation des dépenses (+3,7%) et d’une baisse des recettes attendues.


Compte tenu du déficit de 2023, la dette publique de la France est de 3.101,2 milliards d’euros. La dette publique se situe à 110,6% en pourcentage du PIB.


Il faut se souvenir de la phrase de Valéry Giscard d’Estaing, durant la campagne de 1974, «au-delà de 40% de prélèvements obligatoires, nous basculerons dans le socialisme».


Le taux de prélèvements obligatoires (impôts et taxes) est de 43,5% du PIB en 2023 (44,6% pour 2015 et 45,2% pour 2022). Ce niveau est très élevé, le recours à une hausse de l’impôt (sauf quelques cas ponctuels) est difficile à envisager, donc le gouvernement cherche à supprimer des financements prévus pour diminuer le futur pour 2024.


Un débat politique doit s’ouvrir pour décider quelles dépenses réduire parmi les dépenses de l’État, des collectivités locales, des opérateurs de l’État, des régimes sociaux. Mais sans attendre, Attal a déjà annoncé qu’il allait ponctionner les régimes sociaux. Le gouvernement prépare des dispositions, pour le second semestre 2024, pour réaliser des réductions budgétaires sur les dépenses sociales. Elles se feraient, sans doute, par décrets, sans loi de finances rectificative ou le PLF 2025. Voici trois axes que le gouvernement va, au moins, choisir.


Le régime de l’assurance-maladie sera ciblé par des projets de réduction de dépenses. Les remboursements de santé ordinaires risquent de diminuer dès cette année. Ainsi Le Maire a estimé que «la personne qui est en bonne santé et qui consomme des médicaments ou qui fait beaucoup d'analyses médicales doit sans doute contribuer davantage». Il prévoit de réduire très durement les dépenses des transports médicaux. 


Une réforme globale du régime d'assurance-chômage (Unédic) devrait entrainer la réduction de son budget. Il serait question d’une baisse de la durée d'indemnisation chômage, d’une augmentation du temps travaillé pour accéder au chômage et/ou d’une réduction du niveau d'indemnisation. Les chiffres définitifs restent encore à valider. Ces mesures budgétaires ne créeront pas un seul emploi, mais de la pauvreté.


Le régime de retraite complémentaire du secteur privé, l’Agirc-Arrco, régime qui collecte les cotisations des salariés et des entreprises, pourrait être ponctionné de plusieurs milliards.


Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) est favorable à une réduction nécessaire du déficit, mais condamne, par avance, le matraquage des régimes sociaux prévu par Macron et Attal (maladie, retraite et assurance-chômage). Depuis le début, Macron a échoué dans sa gestion du pays, il devra rendre des comptes à l’issue de son mandat. Seul un gouvernement de droite sérieux, travailleur et spécialiste, peut, demain rétablir l’équilibre des finances publiques. Ce sérieux budgétaire exclut des dépenses intenables que certains responsables politiques prônent aujourd’hui, par exemple avec le retour de la retraite à 60 ans ou des mesures sociales à des coûts excessifs.




IL Y A 27 ANS QUE JACQUES FOCCART EST DÉCÉDÉ


Communication du MIL du 19 mars 2024


Le Mouvement Initiative et Liberté souhaite rappeler aux nouvelles générations et à ceux qui ont oublié tout, même s’ils lui doivent leur carrière, son action au service de la France. Pour cela, nous republions régulièrement des articles datant de 1997 qui retracent bien le parcours d’un gaulliste historique qui fut un des plus proches du Général de Gaulle et l’inspirateur-fondateur de notre association, comme de nos associations d’origines. Voici l’allocution prononcée par Jacques Chirac, Président de la République (Palais de l'Élysée le 20 novembre 1995) pour l’élévation de Jacques Foccart, à la dignité de Grand Officier de la Légion d'Honneur.


Je suis très heureux de vous accueillir dans ce Palais de l'Élysée à l'occasion d'une cérémonie à laquelle je tenais tout particuliè­rement, puisqu'il s'agit d'un hommage rendu à Jacques FOCCART, l'élévation à la dignité de Grand Officier de la Légion d'Honneur, une dis­tinction qu'il aurait dû, franchement, avoir de­puis longtemps ; mais je suis heureux d'être celui qui la lui confère et pour tout dire, j'ai le sentiment qu'il y attache aussi du prix. Alors je remercie toutes celles et tous ceux qui sont ve­nus témoigner de leur estime et de leur affec­tion pour Jacques FOCCART. Notamment, je suis particulièrement heureux de la présence et je sais à quel point Jacques FOCCART y est sensible, de Jacques Chaban-Delmas et Mi­cheline, c'est une joie pour Jacques FOCCART et une joie pour moi, Cher Jacques, que vous soyez également ici.


«Tout ce que j'ai fait», dites-vous, mon cher Jacques, je vous cite «je l'ai fait au ser­vice de la France. Et de ses amis africains. (...) J'ai exécuté fidèlement la politique du Général, puis celle, dans la continuité, de Georges Pompidou. (...) J'ai été auprès d'eux l'avocat de l'Afrique sans jamais encourir le reproche d'ou­blier les intérêts de la France».


Rares sont, en effet, ceux qui peuvent se prévaloir d'avoir aussi bien compris les liens historiques, les liens uniques et complexes que l'Histoire a tissés entre la France et les pays de son ancien Empire. Pas un autre que vous n'a travaillé avec autant de passion au développement ces liens.


Tout commence en 1940 lorsque, démo­bilisé, vous rentrez chez vous, en Mayenne : la reddition, la soumission, l'humiliation, tout cela, pour vous, est «inacceptable» et l'oc­cupation est intolérable. Sans avoir entendu l'Appel du 18 juin, vous êtes déjà gaulliste. Vous serez donc parmi les premiers à rallier la France Libre et Isa, votre jeune épouse s'engage totalement à vos côtés, dans des activités qui lui vaudront, tout comme à vous, la Croix de guerre et la médaille de la Résistance.


Vous commencez par constituer des dé­pôts d'armes, vous cachez des aviateurs al­liés, organisez un réseau d'évasion. Puis vous dirigerez en liaison avec le Colonel Passy, le chef du BCRA, l'un des réseaux de résistance les plus importants de l'Ouest.


On sait le rôle primordial qu'ils ont joué, ces réseaux, lors du débarquement. Vous participez alors activement au plan «Tor­tue» pour retarder, voire paralyser les ren­forts allemands qui se précipitent vers les plages  normandes. Vous serez d'ailleurs, en 1944, nommé Lieutenant-colonel des Forces Françaises Libres, vous, un jeune «civil» de l'intérieur, et serez incorporé à la 1ère Di­vision – «la Division glorieuse» -.


C'est en tant que membre de l'État-major de la 4è région militaire que vous accueillez le Général de Gaulle dans Laval libéré : ce sera votre première rencontre avec lui.


Vous êtes alors chargé d'une des mis­sions les plus difficiles de toutes celles confiées pendant la guerre aux services spéciaux : parachuter des petits groupes d'hommes sur les camps de déportés, avec des risques immenses et ceci afin d'inciter les responsables de ces camps à épargner les  survivants. C'est l'opération «Vicarage» qui sera arrêtée : les pertes sont extrême­ment importantes et l'avance des Alliés, plus rapide que prévue, le justifie moins.


Vous êtes à peine réinstallé dans la vie civile que Jacques Chaban-Delmas et Gas­ton Palewski, à la fin de l'été 1945, vous demandent de vous présenter aux élections à l'Assemblée constituante. Vous ne tenez pas particulièrement, à vous lancer dans l'action politique, mais c'est un ordre du Gé­néral, donc vous ne sauriez-vous dérober. Vous constituez donc une liste dans la Mayenne où votre grand-père a été Maire d'Ambrières et d'ailleurs Conseiller Général, avant de céder, je parle de vous, très volon­tiers la tête de liste à Jacques Soustelle qui sera élu. Vous, vous retournez à vos activi­tés commerciales et vous lancez votre so­ciété d'import-export, la SAFIEX. Mais cette expérience, si elle ne vous a pas donné d'ambition parlementaire, vous a laissé, comme vous le dites vous-même, «le goût de la chose publique».


Le 16 juin 1946, vous êtes à Bayeux, prêt à reprendre le combat pour sortir le pays de la crise où il s'enfonce. Vous ferez partie de ceux qui, hommes de droite ou de gauche, mais tous résistants et profondé­ment attachés au Général de Gaulle, fonde­ront ensemble le Rassemblement du Peuple Français.


L'objectif qui vous est dévolu est de re­mobiliser les «anciens» de toute la région Ouest. À Strasbourg aux côtés du Général lorsqu'il annonce la création du RPF, et offi­ciellement «chargé de mission» auprès du mouvement, vous faites campagne pendant l'été 47. Mais après les succès, c'est l'échec aux législatives de 1951 et le Général de Gaulle, qui se retire de la vie publique et rend leur liberté à ses compagnons, vous demande en 1954 de succéder à Louis Ter­renoire comme Secrétaire Général du RPF. Vous acceptez et vous partagez avec lui sa traversée du désert.


Vous ne le quitterez plus. Lorsque les Républicains sociaux vous sollicitent pour devenir leur Secrétaire Général, vous choi­sissez de rester auprès de lui. Avec les «barons» du gaullisme, vous prendrez une part active au retour du Général en 1958. Vous l'accompagnerez à Matignon avant de devenir l'année suivante, Conseiller techni­que à la Présidence de la République. Vous serez désormais associé à toutes les déci­sions, qu'il s'agisse des référendums, des élections, ou de la Communauté. Vous en êtes depuis 1960 le Secrétaire Général, une fonction que vous occuperez sans disconti­nuer jusqu'en 1974. À ce titre, puis comme Secrétaire Général à la Présidence de la République pour la Communauté et les Affai­res africaines et malgaches, vous serez l'ar­tisan de la politique que le Général de Gaulle va conduire à l'égard de l'Outre-mer. Vous consacrerez dès lors l'essentiel de vos activités aux relations franco-africaines.


C'est le Général de Gaulle lui-même qui est à l'origine de cette vocation.


C'est lui qui vous a demandé dès 1947 de vous occuper des DOM-TOM au sein du groupe RPF, c'est lui qui a tenu à ce que vous soyez élu en 1950 Conseiller de l'Union française.


Au sein de cette Assemblée où les rela­tions se nouent sans clivage racial ni politi­que, vous construirez des liens durables et vous connaîtrez «l'extraordinaire fraternité» - ce sont vos propres termes - qui unissent encore les anciens parlementaires. C'est là que vous vous ferez des amis pour la vie - je n'en citerai qu'un, qui fût pour vous proba­blement le plus cher, et pour moi aussi: le Président Félix Houphouët-Boigny. Ces amis, pour lesquels vous nourrissez une ré­elle affection, et qui deviendront des Chefs d'État ou de Gouvernement, vous les rece­vez régulièrement lors de leurs voyages offi­ciels ou en visite privée avec leur famille, chez vous, à Luzarches, avec votre épouse, qui sera toujours étroitement associée, sur les conseils d'ailleurs du Général de Gaulle, à votre action politique, comme elle l'avait été dans la Résistance.


C'est grâce à ces liens tout à fait privilé­giés, à cette compréhension, à cette qualité d'amitié et de dialogue, que vous accompa­gnerez ces pays dans leur accession à l'in­dépendance et coordonnerez ensuite la poli­tique de coopération de la France. Le Géné­ral de Gaulle y tient tout particulièrement et son intérêt pour l'Afrique est si attentif qu'il vous reçoit tous les jours, pendant toutes ces années, vous, le spécialiste incontesté des affaires africaines.


Vous avez, en effet, de ce continent une perception aiguë et une vision lucide. Vous avez acquis une extraordinaire connaissance de chacun des acteurs politiques, dans cha­que pays, et du rôle qu'il y joue ou cherche à y jouer. Plus encore : vous avez su gagner leur confiance. Votre puissance de travail, votre sens politique et l'influence que vous avez auprès d'eux vous permettront de vous acquitter des responsabilités les plus déli­cates et de réussir dans les missions de médiation les plus difficiles sous la Prési­dence du Général de Gaulle, puis sous celle de Georges Pompidou. En 1986, lorsque je prends mes fonctions à Matignon, c'est tout naturellement que je vous appelle auprès de moi. Tout en continuant à exercer vos pro­pres activités, vous n'avez cessé de diriger la cellule africaine placée à mes côtés.


Aussi je voudrais vous dire aujourd'hui toute ma reconnaissance, à vous qui m'avez fait partager votre connaissance, mais aussi, mais surtout, votre amour de l'Afrique.


Voici évoqués, trop rapidement, Cher Jacques, les services que vous avez rendus à la France. Le résistant, le gaulliste, l'homme qui, par son rayonnement person­nel et aussi par sa ténacité et son courage, a joué un rôle déterminant dans la politique intérieure et africaine de notre pays, est, nous le savons tous, d'une discrétion et d'une modestie légendaires. En témoigne d'ailleurs votre profession de foi, très simple et très claire : «J'ai eu, dites-vous, l'hon­neur, la chance et le bonheur de servir le Général de Gaulle. Je l'ai fait dans une fidé­lité totale à l'homme qui a sauvé deux fois, dans des circonstances différentes, l'hon­neur de la France. Ensuite, j'ai eu pour guide et moteur de mon action la volonté d'aider à poursuivre la ligne politique dans la direction et vers les objectifs que le Général avait fixés».


Vous dont les deux passions, la France et l'Afrique, n'ont jamais été en conflit, puis­que «l'intérêt de notre pays et celui de ses anciennes colonies devenues ses partenai­res se confondaient», vous avez œuvré de toutes vos forces afin qu'il en soit ainsi dans le cœur de chacun.


Mais je ne voudrais pas, Cher Jacques, terminer sans évoquer d'un mot encore votre épouse, Isa. Elle a su, je le sais, vous ap­porter le bonheur mais aussi le courage quand c'était nécessaire. Aujourd'hui toutes et tous ici, qui l'avons connue nous pensons à elle, avec une respectueuse affection, elle qui, je le sais, vous regarde en cet instant et qui est heureuse. Au moment où ces insi­gnes de Grand Officier de la Légion d'Hon­neur récompensent vos services éminents, je suis très heureux et très fier, Mon Cher Jacques, de vous exprimer mon estime, mon respect et ma gratitude. Mais je veux aussi vous dire, aussi, tout simplement ma pro­fonde amitié et toute mon affection.